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Conclusion
la part des immigrations aujourd’hui


En 2017, la région Centre-Val de Loire compte environ 184 000 immigré·es, que ces personnes soient toujours étrangères ou devenues françaises.

Elles résident en majorité dans les agglomérations où l’emploi est plus important, notamment dans les départements du Loiret, de l’Indre-et-Loire et de l’Eure-et-Loire.

Elles sont en majorité originaires du Portugal, du Maroc, de la Turquie et pour les arrivées les plus récentes, davantage issues de pays africains subsahariens.

L’ensemble de ces migrations, passées et présentes, fait partie de l’histoire régionale.
Elles ont contribué et contribuent encore, aujourd’hui, au développement économique, démographique, culturel régional.

Fête de quartier à Montargis
©Association des Parents de Chautemps

Les associations, les commerces, les sociabilités sont autant de signes de l’ancrage des personnes issues des migrations, devenues des habitants à part entière.

Cet ancrage ne signifie pas que les liens avec le pays d’origine disparaissent. Au contraire, il permet le développement de circulations entre ici et là-bas mais aussi, parfois, au sein d’une diaspora plus large, s’étendant dans différents pays d’Europe du nord ou d’Amérique.

Ces mobilités permettent que les idées, les valeurs, les objets circulent, au sein d’un espace transnational peu visible et plus dynamique qu’on le croit.

C’est une facette peu connue de la région Centre-Val de Loire que l’histoire des migrations permet de découvrir.

Espace
de l’intime


La mémoire de la migration est aussi présente dans l’intimité du foyer à travers des objets, souvent ordinaires, qui n’ont pas vocation à être exposés aux yeux de tous.
Certains rappellent des saveurs, d’autres deviennent des éléments de décoration tandis que d’autres encore ont simplement une valeur affective, et sont précieusement conservés dans des coffres ou des armoires.

À travers eux, des ancêtres, des amis, des parents, des moments de vie et un pays lointain restent présents. Ce sont aussi des supports de narration et de transmission aux jeunes générations.

Mocassins achetés pour venir
en France – C. Camus
Petit Coran – C. Camus
Plat pour la préparation du couscous –
C. Camus
Panier pour la préparation du riz « Tipkhao », Laos –
G. Etienne
Ours en peluche, Algérie – C. Camus
Série de Matriochka dépareillées, Leningrad, 1975-2005 –
C. Camus
Ensemble Wax du Congo –
C. Camus
Robe de mariage Tunisie –
C. Camus
Objet du trousseau de mariage, Tunisie –
C. Camus

Pratique
artistique


Parmi les immigré·es et leurs descendant·es, certains sont des artistes dans diverses disciplines, et certaines de leurs productions contribuent à la mémoire de l’immigration…

Hamid Jarboui, céramique – H. Jarboui
Spectacle, Serge Catanese à Montargis – PM Wadbled
Stabile-mobile, Alexandre Calder, Amboise – PM Wadbled
Sculpture de Max Ernst, Amboise – DR

Image de fond : Michel Talata, chronique – M. Talata

En mémoire
de…


Certain·es ont à cœur de ne pas oublier leur histoire migratoire et se mobilisent pour en faire reconnaître publiquement la mémoire.

Dans un parc, un cimetière, au détour d’une place, sur le mur d’un bâtiment, des plaques mémorielles, des stèles, souvent discrètes ou parfois imposantes, sont ainsi érigées.

Elles participent à la reconnaissance de ces histoires singulières mais aussi à leur ancrage dans la mémoire collective.

Plaque en mémoire des réfugiés chiliens – ©film 100soleils
Stèle des rapatriés d’Algérie Harkis et Pieds Noirs à Semoy
Panneau touristique bilingue franco-chinois Montargis –
V. Dassié
Monument de l’amitié franco-américaine à Châteauroux – DR
Fernanda Lopez – PM Wadbled
Plaque d’Evora à Chartres – PM Wadbled

Mémoire des migrations :
un ancrage reconnu


Parfois, des municipalités sont à l’initiative d’actions culturelles et mémorielles, mettant en valeur la place historique de l’immigration dans le peuplement local.

C’est le cas notamment à Montargis (les Chinois) à Châlette-sur-Loing (les Ukrainiens), à La Riche (des Portugais), à Saint-Pierre-des-Corps (les Algériens).

Ce travail mémoriel entraîne parfois la création d’un jumelage entre une nouvelle de la région et, par exemple une commune polonaise, portugaise, algérienne ou marocaine.

Statue du Maître Chinois Montargois Li Xiao Chao – V. Dassié

Dans les années 2000, dans de nombreux quartiers populaires, la Politique de la Ville a initié des rénovations urbaines importantes.

Devant la perspective de démolition des immeubles où ils ont vécu, les habitants ont souvent travaillé à construire la mémoire de leur quartier, en collectant photos et souvenirs, témoignages auprès des « anciens ».

À l’occasion du musée éphémère organisé en 2010 à Joué-les-Tours , l’association Terra Ceramica propose une exposition d’artistes locaux avant la destruction du bâtiment.

Image de fond : plaque rue des Harkis, Dreux – DR


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La transmission,
la mémoire


Au delà de l’histoire, les mémoires des migrations font l’objet d’actions spécifiques de la part des populations issues des migrations mais aussi de certaines collectivités locales pour lesquelles les migrations font partie du patrimoine commun.

Image de fond : plaque rue des Harkis, Dreux – DR

Les associations
d’« originaires »


Les associations « d’originaires » de différents pays : Maroc, Cambodge, Portugal, Algérie, Laos, chili, Ukraine etc, comme partout en France, se sont développées à partir de 1981, avec la libéralisation du droit d’association des étrangers.

La plupart de ces associations s’attachent à maintenir et valoriser des éléments culturels du pays d’origine et à promouvoir la solidarité entre ses membres.

En offrant un lieu et des moments de convivialité, l’association permet notamment aux personnes récemment arrivées de trouver des repères familiers et rassurants dans les premiers temps de l’immigration.
Elles trouvent auprès des plus anciens, des conseils et des recommandations pour faciliter l’adaptation à leur nouvelle vie.

Fête de l’association des boudhistes laotiens à Orléans – N. Tilhou

À travers leurs activités : les danses, la musique, l’apprentissage de la langue, l’histoire du pays, la gastronomie, ou le sport, les membres retrouvent un peu de l’ambiance du pays.

Mais c’est aussi une “vitrine” en direction des membres de la société d’accueil qui sont invités lors de repas de fêtes, cérémonies religieuses, Nouvel An, spectacles, rencontres sportives.

Ukrainiens, Ballet Slava – V. Dassié
Danses turcs à Chalette – V. Dassié
Association algérienne Tours

Image de fond : Hmongs à Aubigny – G. Etienne

Associations d’entraide et de défense


Lors des crises économiques, l’immigration étant parfois pointée comme un facteur aggravant, la présence des immigré·es a souvent suscité des réactions hostiles et xénophobes au sein de la population.

Certains des immigré·es et leurs descendants, notamment ceux issus des anciennes colonies françaises, dénoncent un traitement discriminatoire à leur égard.

Affiche Chalette-sur-Loing – Festival « Ma ville est un monde »

Une manière de se prémunir de la xénophobie, des discriminations, a été de créer des réseaux d’entraide et des solidarités sociales, économiques et parfois politiques. Cet esprit d’entraide s’est particulièrement développé dans les années 1980.

Affiche exposition Parlons parure – DR
Affiche Mieux se connaître
pour mieux se comprendre
Affiche de la Cimade

Des associations de soutien et de défense des droits se sont emparées de la question de la régularisation des personnes dites « sans-papiers ».


UN EXEMPLE


À Orléans, l’association « Convergence à la Source » a été créée en 1985 à la suite de la « Marche pour l’égalité » de 1983.

Les objectifs de l’association allient lutte sociale et approche interculturelle au sein du quartier de La Source. Il s’agit de « promouvoir l’expression sociale et culturelle », de « favoriser l’échange fraternel » et « développer la solidarité ».

Après 37 ans d’existence, l’association sera dissoute par ses membres en 2021.

Image de fond : Activités d’entraide à l’Asti

Lutter pour les droits
du travail et l’engagement syndical


Dans le cadre du travail, les travailleurs immigrés ont été amenés à s’impliquer sur le plan syndical. Ce fut notamment le cas en 1920-1930 avec les Polonais dans la région de Bourges. Mais L’engagement syndical était parfois risqué pour ces étrangers qui craignaient des conséquences négatives sur leur droit de séjour.

Si peu d’entre eux sont syndiqués et affichent leurs idées ou participent à des grèves, certains, cependant s’engagent et sont alors solidaires de luttes communes avec les ouvriers français.

Manifestation ouvrière Hutchinson, 1970 – V. Dassié
Tracts Polonais, Cité ouvrière de Rosières à Lunery – G. Etienne

TÉMOIGNAGE


Samba, soudeur sénégalais, arrivé en 1971


« Dans les années 1980, je suis entré à la CFDT au moment où mes compatriotes étaient solidaires des combats des salariés français dans l’entreprise où je travaillais. Au début, ma présence aux réunions n’était que symbolique, comme celle de beaucoup de mes camarades. Je ne m’exprimais guère, je ne maîtrisais pas la langue française et je n’avais aucune expérience de ce genre d’action collective. (…) Les travailleurs immigrés ont beaucoup appris des syndicats français, même si leur participation n’y était pas toujours très active. »


Image de fond : Grève à l’usine Hutchinson,
1936 – coll. Viguet


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Une
diversité


Les personnes immigrées et étrangères contribuent également à la vie sociale à travers différentes formes d’engagements. Des mobilisations se font dans le cadre du monde du travail, de la défense des droits mais aussi autour de la vie culturelle.

Après la première période d’adaptation, certains, hommes et femmes, s’engagent dans des mouvements politiques, ou des associations aux objectifs divers, tels que regrouper les familles venues du même pays, organiser des activités sociales et culturelles dans le quartier.

Image de fond : Réalisation de fresques en mosaïque sous la direction de Hamid Jarboui – 1990